samedi 23 février 2019

Le poumon vous dis-je !



Le malade imaginaireLe Malade Imaginaire, Acte III, Scène 10

- La bonne : MACRONETTE, déguisée en médecin
- Le malade imaginaire : FRANCOIS MOYEN
- Le commentateur : B.EFEM



MACRONETTE : Qui est votre médecin ?

FRANCOIS MOYEN : Monsieur Gilles Ejeaune.

MACRONETTE : Cet homme-là n'est point écrit sur mes tablettes entre les grands médecins. De quoi dit-il que vous êtes malade ?

FRANCOIS MOYEN : Il dit que c'est des impôts. Et d'autres disent que c'est de l'immigration.

MACRONETTE : Ce sont tous des ignorants. C'est du réchauffement climatique que vous êtes malade.

FRANCOIS MOYEN : Du réchauffement climatique ???

MACRONETTE : Oui. Que sentez-vous ?

FRANCOIS MOYEN : Je sens de temps en temps des douleurs du côte de mon compte en banque.

MACRONETTE : Justement, le réchauffement climatique.

FRANCOIS MOYEN : Il me semble parfois que j'ai un voile devant les yeux, quand je regarde les infos à la télé.

MACRONETTE : Le réchauffement climatique.

FRANCOIS MOYEN : J'ai quelquefois des maux de cœur en apprenant ce qui se passe dans les banlieues.

MACRONETTE  : Le réchauffement climatique.

FRANCOIS MOYEN : Je sens parfois des lassitudes, quand je me lève à 5h du mat' pour aller gagner ma croûte.

MACRONETTE : Le réchauffement climatique.

FRANCOIS MOYEN : Et après avoir mangé des lasagnes au bœuf, il me prend des douleurs dans le ventre, comme si c'étaient des coliques.

MACRONETTE : Le réchauffement climatique, le réchauffement climatique, vous dis-je.
Vous avez là aussi un œil droit que je me ferais crever, si j'étais à votre place.

FRANCOIS MOYEN : Crever un œil ?

MACRONETTE : Ne voyez-vous pas qu'il vous empêche de voir les choses comme nous voudrions vous les faire voir ? Croyez-moi, faites-vous-le crever au plus tôt : vous verrez plus conforme de l’œil gauche.

FRANCOIS MOYEN : Cela n'est pas pressé.

MACRONETTE : Je suis fâché de vous quitter si tôt ; mais il faut que je me trouve à une grande consultation qui doit se faire pour quelques pays que nous n'avons pas réussi à faire mourir hier.

FRANCOIS MOYEN : Pour des pays que vous n'avez pas réussi à faire mourir ?

MACRONETTE  : Oui : la Syrie, l'Italie, la Grèce, la Russie, et quelques autres. Pour aviser et voir ce qu'il faudrait leur faire, pour qu'enfin ils meurent guéris. Jusqu'au revoir !

B.EFEM : Voilà un médecin, vraiment, qui paraît fort habile !

FRANCOIS MOYEN : Me crever un œil, afin que l'autre se porte mieux ! J'aime bien mieux qu'il ne se porte pas si bien. La belle opération, de me rendre borgne !